Valjouffrey : l’autre Désert…

Le Désert de Valjouffrey
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Chapô

Si le Désert de Chartreuse est connu pour abriter la maison-mère de l’Ordre cartusien, il existe un autre Désert en Isère, plus confidentiel, celui de Valjouffey dans le Valbonnais. Là aussi, la nature est restée intacte et sauvage…

À 66 km de Grenoble, après avoir traversé La Mure, Valbonnais, Entraigues et le hameau du Désert de Valjouffrey, la route s’arrête pour laisser place à un chemin caillouteux, ce que l’on appelle aussi un cul-de-sac géographique. Après les dernières maisons, c’est la haute montagne, le domaine des marmottes, des chamois, des alpinistes aussi.

Implanté sur un cône de déjection de l’ancienne vallée glaciaire de la Bonne, le Désert est l’un des cinq hameaux de la commune de Valjouffrey, qui compte moins de 200 habitants. Dominé par le pic de Valsenestre, l’aiguille des Marnes, la pointe de Marceline et le pic des Souffles, il est recroquevillé autour de sa petite chapelle saint-Anne, bâtie sous Louis XIV. L’hiver, le soleil taquine les quelques habitants pendant deux à trois heures par jour tout au plus. En revanche, pour la tranquillité, il n’y a pas mieux ! Un isolement qui serait d’ailleurs à l’origine du village.

 

Une vallée refuge

Le nom de Valjouffrey proviendrait d’un certain Josfredi, compagnon d’armes du roi burgonde Gaudemar III. Battu en 532 à la bataille d’Autun par les fils de Clovis, Gaudemar et ses servants auraient pris la fuite et trouvé refuge dans une vallée isolée qui prendra le nom de Valgaudemar. Quant à Josfredi, il s’installera dans la vallée voisine de la Bonne que l’on nommera Vallis Josfredi puis Valjouffrey. Hors d’atteinte, les soldats burgondes se convertiront à l’agriculture, transformant forêts en pâturages. Le nom Désert vient d’ailleurs du verbe essarter, une technique pour défricher les champs par brûlis.

 

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La rivière La Bonne

 

Bien plus tard, le Désert accueillera d’autres réfugiés et, notamment, des protestants fuyant les persécutions sous l’Inquisition. Enfin, plus près de nous, le hameau sera très prisé des ermites, moines cisterciens et bénédictins, qui s’adonneront à la méditation face aux sommets du massif des Écrins. Isolé certes, Valjouffrey n’est pas pour autant dénué de ressources. Riches en eau et en forêts, les hameaux se sont développés grâce au commerce du bois de charpente et de chauffage.

En 1848, on comptait plus de 1000 habitants et plusieurs scieries. Mais un siècle plus tard, avec l’exode rural et la construction, en 1932, de la première route goudronnée, seules 250 âmes sont recensées. Le Désert entre alors dans l’oubli. "Pendant longtemps, ce fut un handicap mais aujourd’hui, cette nature intacte et sauvage est plutôt un atout", expliquent Gérard et Martine Jacquemin.

Entrepreneurs enthousiastes, ils ont ouvert, en 2009, Les Epilobes, des chambres d’hôtes qui accueillent toute l’année les randonneurs qui font le tour de l’Oisans par le GR54 ou des alpinistes qui s’aventurent jusqu’aux Aiguilles d’Arias ou au Pic de l’Olan.

Le Désert compte également d’autres structures d’hébergement, un café-restaurant et des éleveurs de brebis, chèvres et vaches qui, pour certains, font de la transformation fromagère.

Signes que l’activité regagne peu à peu du terrain dans cette vallée authentique et secrète.

 

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En arrière-plan, l'Olan, qui culmine à 3 564 mètres d'altitude.

 

©R.Lanthelme, G.Jacquemin.

 

 

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